Pourquoi jeûner ?
Après son baptême, Jésus est mené au désert pour y être tenté par le diable (Mt 4,1). L’Evangile nous dit dans le verset suivant qu’il jeûna 40 jours. Le verset précise : « après cela, Jésus eut faim » (v.2) et le tentateur n’approche qu’à ce moment-là.
Le jeûne est donc présenté comme une discipline liée au combat spirituel. Ce combat peut prendre différente formes. Pour l’homme, il est lié à la nourriture, mais aussi à la possession des biens de ce monde ou au pouvoir (dont le pouvoir spirituel). Elles nous sont décrites dans le récit de la tentation.
Ces trois tentations correspondent à des peurs : celle de la mort (avec la faim), du manque (avec les richesses) et de n’être rien aux yeux des autres ou de Dieu (le pouvoir). Et il est donc normal qu’en temps de Carême, l’Evangile nous rappelle à travers le discours de Jésus aux Pharisiens (Cf. Mt 5,2-6) les 3 disciplines du jeûne, de l’aumône et de la prière (qui leur correspondent respectivement).
Se convertir revêt alors plusieurs dynamiques : lutter contre une peur et la vaincre, répondre par la discipline contraire qui nous ouvre à la confiance, la générosité et l’adoration véritable.
En ce qui concerne la confiance (liée au jeûne) Jésus en parle dans la continuité du même discours en Mt 6,25 « Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que les vêtements ? »
Ce passage orienté sur la providence du Père qui nourrit les oiseaux tous les jours et peut nourrir les hommes paraît simpliste, mais la question de Jésus réoriente l’homme vers la finalité. Celle-ci est bien la vie et non la nourriture ; même si la nourriture est un moyen de préserver la vie.
Le jeûne est donc un combat lié à la confiance la plus fondamentale : est ce que je crois que ma vie ne repose que dans la main de Dieu ? Est-ce que j’ai confiance qu’elle est guidée par la providence du Père plus que par mon propre travail ?
Tous les saints ont pratiqué le jeûne d’abord pour se convertir, puis pour résister dans la tentation et le combat spirituel. Ceux qui en ont l’expérience savent à quel point cette discipline est précieuse pour renforcer l’homme intérieur. Mais attention, beaucoup l’utilisent pour un simple bien-être. Cela n’est pas défendu ! Mais le jeûne auquel nous convie Jésus est pour nous ramener au désert et séduire notre âme (cf. Os 2,16).
P. Francis Manoukian






