Depuis 2006, des représentants Bouddhistes, Juifs, Chrétiens et Musulmans de Saône et Loire, tissent des liens de fraternité ancrés dans des temps de partage, d’écoute, de convivialité et de prière.
Pour la neuvième fois, deux cent personnes croyantes ou non, se sont rassemblées au Carmel de la Paix autour du thème : La confiance, au-delà des mots… et des maux.

Plus que jamais aujourd’hui les grands maux de l’humanité semblent s’accumuler et ils sont rendus omniprésents à notre quotidien par les médias, les innombrables discours, politiques ou autres, les conversations inquiètes, voire angoissées de tout un chacun : la guerre, la misère, les inégalités croissantes, etc… et le réchauffement climatique qui fait peser une telle menace sur notre avenir…

Certes, et heureusement, de nombreux journalistes, essayistes, tentent d’avoir sur ces évènements des analyses justes, proposant des chemins d’action. De nombreux hommes et femmes de bonne volonté s’engagent pour contrer, tant soit peu, les effets les plus dramatiques de ces désordres, mais à côté de cela, combien de « faits alternatifs », de nouvelles mensongères, de promesses impossibles, d’informations contradictoires !
Alors qui croire ? A qui peut-on faire confiance ? Qui est honnête ? Comment vivre notre présent, envisager notre futur ? Beaucoup d’entre nous, en particulier les jeunes, ont perdu confiance en la parole des responsables comme aussi en leur propre avenir.

Pourtant la confiance est le fondement de la vie en société. Sa valeur est aussi irremplaçable que l’air que nous respirons ou l’eau qui désaltère. Notre être est fait pour la confiance et il en est le fruit. Nous avons la conviction qu’au fond du cœur humain, il y a la très grande espérance d’une effective fraternité avec tout être, et que le dialogue est toujours plus fécond que le mutisme, la peur, les non-dits.
Accorder sa confiance, c’est alors prendre le risque d’être vulnérable et se mettre librement en situation de dépendance vis-à-vis de l’autre.
Cela implique que nous ayons confiance en nous-même, c’est-à-dire en nos capacités personnelles à nouer et renouer des relations vraies avec autrui, capacités à entretenir sans cesse.

Pour celles et ceux qui croient en un Dieu unique, il y a cette première question de Dieu à Adam « Où es-tu ? » Dieu prend l’initiative, engage une relation, nous dit sa confiance, nous offre sa présence, et Il attend notre réponse. C’est ce qui fonde notre propre confiance : Dieu nous guide même dans les méandres de notre vie atteinte par le mal et le malheur. Il ne nous en protège pas, mais il ne nous abandonne pas. Dans la foi qu’il agit ainsi pour chacun, nous sommes rendus capables de vivre, de prier, de travailler ensemble, avec toutes nos différences, dans la confiance réciproque.

Pour les Bouddhistes, la confiance, obtenue par une forme particulière de sagesse, est la base de tout. Elle est le seul chemin pour atteindre le nirvana ou « l’éveil ». Parvenus ainsi à la compassion envers tous les êtres, nous n’avons plus de crainte.

Pour créer un monde vivable, où le respect, le dévouement, la loyauté et la fidélité règnent, c’est à nous d’être des personnes dignes de foi et confiantes, suscitant autour d’elles l’espérance, la miséricorde et la joie. Nos engagements les plus importants doivent être basés sur la confiance mutuelle, le dialogue simple et vrai, le pardon, la réconciliation, l’acceptation de l’autre tel qu’il est.

Nous sommes convaincus qu’à chaque fois que nous faisons le choix de la confiance, des murs tombent, des ponts se bâtissent, des liens s’affermissent, la fraternité se construit et la paix peut advenir pour nous, nos enfants et toute l’humanité.
              

Proclamé le dimanche 11 juin 2023, au Carmel de la Paix à Mazille
Lors de la 9ème rencontre interreligieuse pour la Paix

 

Ahmed Belghazi, Imam à la mosquée du centre-ville de Chalon sur Saône,
Michel Oiknine, responsable cultuel de la communauté juive de Chalon sur Saône,
Lama Dreulma, enseignante à Paldenshangpa La Boulaye,
Jean-Claude Bligny, Bouddhiste,
P. Romain Roux, prêtre orthodoxe de la paroisse St Marcel et St Césaire de Chalon sur Saône,
Nadia Roux, Orthodoxe,
Laurence Tartar, Pasteure de l’Eglise Protestante Unie de France à Chalon sur Saône et Sornay,
Philippe Vidal, président du conseil presbytéral de l’EPUF à Chalon sur Saône,
Noël Gonot, de l’EPUF de Mâcon,
Anton van der Lingen, pasteur retraité de l’Eglise Protestante des Pays-Bas,
Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun-Chalon-Mâcon,
Sr Marie-Christine, Carmel de la paix,
Sr Annette, Carmel de la paix,
Nicole Séjourné, déléguée épiscopale pour le dialogue interreligieux.