N° 1 du 6 janvier 2023

Benoît XVI a remis son souffle au Dieu des vivants, sans faire de bruit, doucement… dans la matinée du 31 décembre. C’était l’heure à laquelle il s’était préparé depuis des années, retiré dans la prière pour le monde que Dieu a tant aimé. C’était aussi la veille du premier de l’an, au moment où le meilleur des cœurs humains, partout sur la terre, laisse monter vers les autres des vœux bienveillants.

Nous prions pour que le Seigneur donne à notre Pape émérite d’entrer pleinement dans les demeures du Ciel. Oui, nous prions vraiment pour cela, et de toute notre foi et de toute notre affection. Et nous revoyons, dans ce temps éprouvant, ce que nous devons à ce Pape, à ce frère aimé de l’Église.

L’orientation de son immense labeur d’enseignant portait sur le mystère de Dieu et sur l’Église comme peuple et comme maison, et aussi sur la temporalité. Saint Augustin et saint Bonaventure ont été les docteurs de l’Église les plus approfondis par Joseph Ratzinger. Et nous devons aussitôt dire que les charges qu’il a acceptées dans l’Église, à l’appel de Paul VI puis de Jean-Paul II lui ont donné de se dévouer à d’innombrables croyants, à de nombreux évêques, très au-delà des milieux universitaires.

Joseph Ratzinger, devenu Pape malgré lui, avait déjà, dès 1981, accepté de venir aux côtés de Jean-Paul II pour servir le dialogue de la foi et de la raison dans un monde sécularisé et marqué par des idéologies extrêmes dont le fond était le refus d’accorder crédit à la recherche de Dieu. Il a été un évêque né dans le merveilleux souffle du Concile Vatican II. Ce souffle, pour Benoît XVI, était celui de l’Esprit-Saint animant l’Église, celui de la douceur et de la force de Dieu agissant dans l’histoire humaine pour l’orienter vers le bonheur. La foi est toujours cet appui, cet ancrage dans la vérité, hors de laquelle nous morcelons la réalité et nous perdons le sens de notre liberté. Et il s’agissait pour Benoît XVI de la manifester dans toutes ses dimensions et, en un mot, dans toute sa beauté.

L’exemple de Basile et Grégoire de Nazianze unis par l’amour de la recherche de Dieu et du bien à déployer dans l’existence, l’exemple de saint Joseph, homme juste et courageux, celui d’Augustin bien sûr et celui de Jean-Paul II lui-même, continuent ô combien de nous inspirer. Benoît XVI restera lui-même un exemple accessible et si délicat de quelqu’un pour lequel Jésus vivant et l’Église en pèlerinage dans l’histoire du monde ne peuvent absolument pas être connus et aimés l’un sans l’autre. La prière de l’Église en la fête des deux grands théologiens que furent Basile et Grégoire de Nazianze est la nôtre en ce début d’année : « tu as voulu, Seigneur, illuminer ton Église par leur enseignement et leur exemple, accorde-nous de chercher humblement la vérité pour que la charité imprègne notre vie. »

+ Benoît RIVIÈRE