N°17 du 11 octobre

Nous pouvons nous interroger, à certaines heures : où est véritablement mon cœur ? Où se trouve mon centre vital ? Quel est le « moteur » de mes pensées et de mes actes ? Quelle est la motivation profonde de ce que je vis et respire ? Qui dissipera mes troubles, qui libérera la joie et l’humilité du Christ dans mes relations avec les autres ? Le feu qui à l’évidence consume le cœur de sainte Marguerite-Marie nous atteint nous-mêmes aujourd’hui. Marguerite-Marie a son centre dans un « autre ». Elle nous presse d’aimer, de nous laisser toucher par le cœur de Jésus vivant, c’est-à-dire le cœur de Dieu dans un cœur entièrement humain. Comme est beau le simple exemple de vie de Marguerite-Marie, toute écoutante amoureuse de Dieu et de son projet bienveillant, toute accueillante de la participation que Dieu permet qu’elle ait au mystère de la Croix.

Marguerite-Marie nous apprend à quitter bien des zones de « confort », et bien des zones intérieures sentant l’odeur du ressentiment. Comme elle est attractive et encourageante cette confiance active de Marguerite-Marie, confiance réceptive et engagée qu’elle ressource si admirablement dans la contemplation et l’adoration du cœur blessé et ouvert du Christ par amour pour la multitude. Plus nous avançons, plus nous souffrons de ne pas aimer assez. Et moins nous aimons, explique Marguerite-Marie, plus nous regardons les autres avec dureté, sans miséricorde, soupçonnant même chez eux des pensées et des actes qu’ils n’ont jamais eus ni commis. Plus nous nous laissons toucher par l’amour de Dieu, plus nous soupirons de ne pas savoir aimer, et plus nous devenons vrais vis-à-vis de nous-même, et plus alors nous envisageons le prochain avec joie et tendresse, toujours dans la miséricorde.

Le silence intérieur et l’amour, patiemment recherchés et entretenus, font partie de ce caractère prophétique de Marguerite-Marie pour notre époque si bruyante et dispersante. Le « bombardement » numérique incessant des « news », de tous ordres, les messages, les mails… rendent d’autant plus pressante et salutaire l’invitation de Jésus à ceux qui s’approchent de lui : « entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille la porte. » Entendons : ne laisse pas entrer n’importe quelle pensée ou sentiment. « Et prie ton Père qui est là, dans le secret. » Le beau silence est donné à ceux dont les actes veulent plaire à Dieu plutôt qu’aux hommes, et qui sont comme un écrin recueillant ce que Dieu veut dire et donner. « Tenez donc toujours votre intérieure en silence parlant peu aux créatures et beaucoup à Dieu par vos œuvres, en souffrant et agissant pour son amour. Tenez tous vos sens intérieurs et extérieurs dans le Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus Christ : silence intérieur par le retranchement de toutes ces pensées inutiles et réflexions d’amour-propre pour vous disposer à entendre la voix de l’Epoux – silence extérieur sur tout ce qui peut vous louer ou blâmer ou accuser les autres – et ce silence sera pour honorer celui de Jésus solitaire au Saint Sacrement – vous apprendrez par ce moyen à l’aimer en silence et à converser avec son Sacré-Cœur. »

+ Benoit Rivière