N°18 du 25 octobre

« Rien ne sert de courir, il faut partir à temps ! » Pourtant, il y a courir et courir ! Le jogger du dimanche n’est pas pressé, il n’est pas en retard, il aime courir, voilà tout ! A-t-il autre chose en vue que le simple amour de la course ? En tout cas, il n’est pas de la race des gens perpétuellement pressés, qui n’ont jamais le temps de rien, courant toujours… même après le temps !

Celui qui ne part pas à temps pour « avoir » son train, va se précipiter en courant dans les couloirs du métro, obsédé par le temps qui s’écoule et qui devient son ennemi, bousculant les gens sur son passage … priant même au besoin que le train ne parte pas à l’heure !

Et si la joie durable, qui demeure, venait encore d’une autre course, celle dont parle la bien-aimée du Cantique des Cantiques voyant, ou plus exactement, entendant son bien-aimé qui vient, courant au-dessus des montagnes : « j’entends mon bien-aimé, le voici, il vient ! » Il accourt vers nous, le Dieu de ma joie, il ne cesse de venir et il est le bonheur des saints. Il veut, comme le Père de miséricorde courant à la vue du visage oublié et meurtri de son fils. Dieu reconnaît ce que nous avions oublié de voir, c’est-à-dire la beauté de chacune de ses créatures. Une chanson chrétienne des années de ma jeunesse (que les jeunes me pardonnent) disait ceci : « Lumière et Paix su un visage oublié, c’est toi, Dieu, qui reviens ! Joie du retour qui ressuscite nos cœurs, tu es là, parmi nous ! »

La première prière eucharistique implore la bonté du Seigneur pour tous ceux qui reposent dans le Christ, pour qu’ils demeurent dans la joie, la lumière et la paix. Demeurer non pas à part, non pas au-dessus, non pas à côté, mais précisément au cœur de toute vie humaine que Dieu a créée pour qu’elle demeure dans la joie, la lumière et la paix.

Il y a des personnes, disait Pascal, pour qui le calme étant arrivé, cela leur devient insupportable et il leur faut sortir aussitôt, mendiant le tumulte. Le secret de la vie bienheureuse des saints et des saintes, c’est d’être continuellement mus par un amour qui demeure. Seul cet amour donne de se porter avec calme pour être à l’écoute et au service des frères, sans quitter intérieurement la « chambre du cœur ». Pascal, encore lui, disait souvent que « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre ». N’aimons pas tant le bruit, que le silence attentionné de qui se penche avec amour sur les visages blessés et meurtris.

+ Benoît RIVIÈRE