éditorial de l'église d'autun
HEUREUSES COULEURS !
N°19 du 8 novembre
L’automne a ses couleurs que nulle autre saison n’offre au regard. Quel enchantement de m’enfoncer l’autre jour sur un sentier tapissé de feuilles récemment tombées, bordé de buissons et d’arbres qui étincelaient dans le soleil levant !
Marcher sans inquiétude, ni stress, retrouver le bon souffle, le cœur chantant, respirer tranquillement l’air de montagne, entendre « le bruissement des animaux petits et grands », et le chant des oiseaux à qui Dieu donne en tout temps leur nourriture. « Regardez les oiseaux du ciel… »
Loin de tout ? Je me souvenais d’un petit frère de Jésus ermite au Sahara voici des dizaines d’années, priant avant le lever du jour dans l’ermitage du père de Foucauld. Il était à bonne distance de tout, connaissant le poids des événements du monde mieux que les autres. Il gardait en effet en lui-même ce qui avait de l’importance, qu’il lisait ou entendait… dans la bonne mesure et le silence hors desquels c’est le cœur et l’esprit qui finissent par ne plus être nulle part.
C’est quand le cœur est en paix que tu trouves le chemin de la communion fraternelle. Je sens le désir de marcher ainsi sur le bon chemin, pas seulement à la montagne, mais également de retour dans le lieu ordinaire de ma vie et de mon activité. Et comment ?
« Celui qui de toute éternité est vérité et vie, pour nous est devenu chemin », disait Saint Augustin. Le Christ n’est pas seulement un appui sûr, la lumière de notre route, de toutes nos activités et de nos rencontres en ce monde, il est le « complice » amoureux de ma vie, de mon cœur, de mon esprit. Il est devenu chemin en vérité ! Il s’est livré pour moi, me ressuscite avec lui. Il me donne de voir en tout visage un reflet du sien.
Par conséquent, je chercherai à nourrir mon esprit et mon cœur de ce qui a trait à la charité, et laisserai à la porte ce que ne relève pas de la charité. Question de simple vigilance, et surtout de foi reconnaissant Celui qui nous a tant aimés.
Je repensais encore à l’aveugle Bartimée. Le prédicateur que j’écoutais avec l’assemblée dominicale si belle et joyeuse avait dit qu’en demandant que l’on appelle Bartimée, Jésus n’avait pas seulement considéré ce pauvre homme, il avait permis que tous les autres tournent leur regard vers ce malheureux, se convertissent au sens propre, et cessent de considérer le malheureux comme un gêneur. Il avait fait entrer les autres dans sa lumière. Il nous fait entrer nous-mêmes dans sa compassion qui guérit et incorpore dans l’heureux pèlerinage de l’Église.
+ Benoît RIVIÈRE