N°21 du 13 décembre 

Ces mots achèvent la prière écrite au dos de l’image remise dimanche 8 décembre à la sortie de la messe de réouverture de Notre-Dame de Paris.

« Prions avec l’aide de Notre Dame qui est une bouée pour le monde ». Ces mots sont ceux recueillis par l’équipe diocésaine de Paris « Place et parole des pauvres ».

Ils sont ceux de la religion populaire que le Pape François vient mettre en lumière en se rendant prochainement en Corse.

En entrant dans la cathédrale Notre-Dame de Paris ce dimanche 8 décembre tant attendu, froid et pluvieux, saisi par la clarté de la maison de prière, prodigieusement restaurée, mieux encore, renée de ses cendres, bien plus belle encore qu’avant l’incendie d’avril 2019., propre et harmonieuse comme jamais auparavant elle ne l’avait été, je voulais me laisser simplement reprendre par la joie de l’humble Vierge de Nazareth comblée de grâce, Marie, Mère de Jésus et notre mère.

C’est encore une expression de pauvre, écrite au dos de l’image, que je lirai en sortant : « Notre Dame, tu es l’histoire de la Foi des Hommes, la foi éternelle ».

Il faut entrer à nouveau dans ce lieu, non plus seulement « en chantier », mais bruissant de la présence des pierres vivantes, élevées bientôt par le chant liturgique et les gestes de l’admirable liturgie du 2e dimanche d’Avent et de la consécration de l’autel.

Il faut repenser à Péguy, à Claudel, à tant d’autres connus et inconnus, il faut repenser aux chants de la nuit pascale : « Tu as merveilleusement créé le monde, Père du ciel et de la terre, tu l’as plus merveilleusement recréé par la mort et la résurrection de Ton Fils… »

Aucune autosatisfaction n’est de mise ou alors ce ne serait plus Notre Dame, mais la joie, oui, et la liberté humaine s’alliant à l’éternel venu dans la chair. Aujourd’hui, fête de l’Immaculée Conception, c’est une grande espérance qui se lève sur le monde, une grande confiance que nous n’imaginions plus, un grand appel à devenir ce pourquoi nous avons été créés.

C’est l’harmonie nouvelle des différences et de la communion. C’est la simple joie d’être une des pierres devenues vivantes, alors qu’elle était morte, ravagée jadis par l’incendie destructeur.

« Génération après génération, a dit l’archevêque de Paris, Dieu n’abandonne pas son peuple ». Et les ravins qui séparaient les hommes et les opposaient les uns aux autres, les montagnes de l’orgueil causant tant de malheur, les obstacles déposés sur le chemin pour pouvoir accuser et condamner, voici qu’en Marie la grâce y a substitué une terre nouvelle, une communion inimaginable, une simple disposition continuelle à recevoir et à aimer, une souplesse harmonieuse, une liberté retrouvée pour chanter, prier, et rendre grâce.

Saint Bernard, tout près d’ici, méditait déjà le secours et le refuge qui se trouvent en Marie : « Sur un monde balloté par le courant de ce siècle, au milieu des orages et des tempêtes (…), si tu commences à t’enfermer dans le gouffre de la tristesse et dans l’abîme du désespoir, alors crie vers Marie. Invoque Marie. Pense à Marie. »

+Benoît Rivière