N°1 du 10 janvier

Je souhaite écrire cette année 2025 les éditoriaux de notre revue « Église d’Autun » en les centrant sur un unique sujet.

Je me placerai donc avec les lecteurs dans la lumière de la foi au « Dieu de l’espérance », comme le dit l’apôtre Paul. L’année jubilaire, qui a été ouverte à la fin décembre, pour le renouveau de l’Église dans le monde, a précisément pour axe ce sujet de l’espérance, plus exactement, elle veut nous aider à devenir des « Pèlerins d’espérance ».

Bien des doutes, bien des questions, bien des obscurités, nécessitent d’être regardés en face et d’être placés sous le regard de la révélation du Dieu de l’espérance. Est-il permis d’espérer encore quand tant d’innocents sont tués, quand la guerre fait des ravages, quand le cynisme et la haine prévalent dans tant de lieux dits « démocratiques », quand la foi semble reculer chez tant de nos contemporains… ?

Est-il sincèrement possible d’espérer sans nous bercer d’illusions ? À quelles conditions le monde peut-il avancer dans l’espérance et dans la confiance ?

J’étais l’autre jour au Carmel de la paix, et j’ai participé avec nos sœurs carmélites à ce chant du début du jour : « À toi, Dieu unique, ce nouveau matin du monde, pour Toi, le chant de toute vie ! »

Le Christ, commencement et fin de toute chose, donne de voir ce nouveau matin du monde, et donne de faire entendre le chant, délicat et presque silencieux, que laisse deviner toute vie. Oui, je le crois et le vois, en toute vie, il y a ce tressaillement de joie espéré, cet élan qui demande à s’épanouir, cette quête de bonheur et, dans le fond, un accent de louange.

Et s’il est vrai que l’espérance naît là où l’espoir atteint sa limite, il n’en reste pas moins que les espoirs humains sont le pressentiment d’une espérance qui attend de naître.

Le commencement dont parle l’apôtre Jean dans sa première lettre n’est pas la nostalgie d’un passé révolu, il est le témoin de ce qui vient de Dieu dans notre propre chair, c’est-à-dire la Parole vivante de Dieu. L’oubli du commencement, l’oubli de la louange, l’oubli de l’action de grâce, et finalement l’oubli du Dieu de l’espérance ne peut être dissipé que dans la lumière du Verbe incarné, « la vie manifestée ». Il y faut cette lumière admirable dont nous ne serons jamais que des reflets ; il y faut cette venue dans notre chair de Jésus lui-même, « lumière née de la lumière ».

Loin de nous tourner vers ce qui n’est plus, loin de nous faire fuir dans un avenir imaginaire, bien loin évidemment des repliements égoïstes et tristes, ce qui est depuis le commencement nous pousse dans un élan qui ressuscite vraiment. Nous étions morts des suites de nos fautes, et nous voici vivants. C’est notre espérance fondamentale, non pas une idée d’avenir, ni une idéalisation du passé ou une fuite de l’aujourd’hui ; Jésus est notre espérance, Il est Celui en qui notre vie reprend souffle, en qui les plus petits et les exclus deviennent premiers.

Je souhaite aux lecteurs d’Église d’Autun de se livrer sans crainte à la grâce de cette année jubilaire de l’espérance.

 +Benoît Rivière