Homélie de l'ordination de Pierre Dhaussy du 25 juin 2017

Chers frères et sœurs,

Tout récemment, le pape François a donné quelques conseils forts précieux à l’attention de ceux qui débutent leur vie de prêtres dans l’Eglise. Ces conseils évidemment sont précieux pour Pierre qui devient prêtre aujourd’hui, mais ils sont précieux aussi pour nous tous, quelque soit notre fonction dans l’Eglise :
- C’est le conseil de prier sans se lasser,
- C’est le conseil de marcher toujours,
- Et c’est le conseil de partager avec le cœur.

L’apôtre Pierre a un jour supplié le Seigneur de le sauver de la noyade totale, et le Seigneur lui a saisi la main pour l’empêcher de périr. Il a pu devenir l’apôtre sur lequel les autres se sont appuyés, parce qu’il est resté le disciple que le Seigneur relève par sa force et sa tendresse. Le pécheur d’hommes est d’abord et toujours quelqu’un qui éprouve qu’il est « repêché» par la tendresse du Seigneur.

Nous lisons aujourd’hui dans les actes des Apôtres que Pierre était emprisonné par Hérode. Et nous lisons que « l’Eglise priait Dieu pour lui avec insistance. » Cher Pierre, et chers frères et sœurs, nous sommes portés véritablement par la tendresse et la force de la prière de l’Eglise. Quand nous éprouvons des difficultés, ne restons pas isolés à nous lamenter, mais éprouvons plutôt le réconfort de la prière de l’Eglise. L’insistance de la prière de l’Eglise soutient notre faiblesse et nous arrache à nos peurs. « Pierre, lève-toi vite, lui dit l’ange, mets ta ceinture et chausse tes sandales... »

L’ange qui a fait sauter les verrous de la prison d’Hérode, c’est l’ange de l’Eucharistie qui nous fait passer des ténèbres à l’admirable lumière de la foi et de la charité. Voici à quoi nous sommes appelés : vivre avec le Christ qui libère, dans la belle communion de toute l’Eglise, marcher dans la force de l’Esprit-Saint, et visiter ceux qui attendent de recevoir la paix et le salut que Dieu donne. La prière de l’Eglise, c’est ce que nous éprouvons à chaque fois que nous sommes réunis comme aujourd’hui pour l’Eucharistie, c’est ce que nous éprouvons chaque fois que nous quittons notre auto-centrement pour écouter ce que l’Esprit-Saint chante, et pour voir ce que l’Esprit-Saint montre. « Notre vocation, dit le pape François, a commencé quand, ayant abandonné la terre de notre individualisme et de nos projets personnels, nous nous sommes mis en route pour le « saint voyage », en nous remettant entièrement à cet Amour qui nous a cherché dans la nuit. »

Pierre, en te mettant en route pour servir comme prêtre le peuple sacerdotal, et annoncer avec lui l’évangile à tous, tu fais et tu feras l’expérience du priant qui dit dans le psaume : « je cherche le Seigneur, il me répond ; il me délivre de toutes mes angoisses ». Et avec l’Eglise en prière et en pèlerinage sur la terre, tu pourras dire du fond du cœur : « j’ai goûté, j’ai vu, combien le Seigneur est bon ! Heureux celui qui trouve en lui son refuge. » Dans la célébration de la prière et des sacrements, c’est comme si le vase de parfum se brisait pour laisser se répandre le souffle recréateur et pacifiant de l’Esprit-Saint. Les sacrements du salut répandent la joie et l’odeur de la délivrance. Paul, dans la deuxième lecture de cette messe d’ordination, dit : « j’ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me suivre. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. »

Ce Royaume, c’est Jésus lui-même, que nous ne rencontrons pas dans un ailleurs imaginaire. Quand il a introduit ces apôtres dans une nouvelle relation avec lui, c’est au carrefour des nations du monde, qu’il leur a demandé : « pour vous qui suis-je ? ». Et, il leur a ouvert l’esprit à une écoute profonde des meilleures attentes humaines : « au dire des autres, qui est le fils de l’homme ? » C’est à ce carrefour que le Christ continue de nous attirer pour le connaître, l’aimer et le suivre dans l’annonce du Royaume de Dieu. A la question posée par Jésus, Pierre prend la parole au nom de tous, et il dit ce que l’Esprit-Saint lui montre. Et nous pouvons dire : «en toi, Seigneur Jésus, est la plénitude de la divinité, en toi, Seigneur Jésus, se trouvent le salut et la joie, en toi est la source de la vie, par ta lumière nous voyons la lumière, en toi est le réconfort des pauvres et des pécheurs, en toi est notre vie et notre espérance. »

Nous demandons la grâce de savoir toujours partager avec le cœur, et non pas ériger des barrières de plus ; nous demandons la grâce de recevoir la force et la tendresse de Dieu, et non de discourir de loin sur les malheurs du temps. Quel bonheur de nous laisser recréer par la joie du Christ chaque jour grandissante !

+ Benoît RIVIERE