N°19 du 12 novembre 2021

La récente assemblée des évêques de France à Lourdes m’a entrainé dans une expérience que je traduirais à partir de trois termes : la prière, l’appui fraternel, et le visage.

Nous avons éprouvé combien le foyer rayonnant de l’Eglise se trouvait dans la prière, tant personnelle que communautaire. Et lorsque des épreuves lourdes pèsent sur les épaules, et qu’il nous est demandé de prendre sur nous un peu de la lourdeur d’une souffrance abyssale, le réconfort de la prière et de l’eucharistie est absolument nécessaire. Et il nous est donné. Dès le premier matin de notre assemblée, on nous a demandé de sortir à l’écart, où nous voulions, seuls, pour prier. Je suis allé sur les pas de Bernadette, et, au « cachot », j’ai vu cette parole au mur de la demeure misérable de la famille Soubirous au banc de la société : « baisez la terre pour les pécheurs ». Sans l’humble abaissement baptismal, aucun chemin de conversion possible !

A celui qui s’abaisse, sera donné de trouver des frères et des sœurs, vraiment. Quelle grâce de pouvoir nous écouter les uns les autres humblement, d’écouter des personnes victimes, d’écouter des jeunes emplis d’une grande espérance, d’écouter des personnes engagés dans le chemin de la solidarité avec les plus démunis, d’écouter des hommes et des femmes profondément donnés à la cause de l’évangile… Sans l’humble entrée en fraternité, pas de joie, ni d’avenir !

Nous avons enfin été saisis par la gravité silencieuse et amère d’un visage : il est gravé de façon désormais indélébile au mur de notre lieu de travail et de notre lieu de responsabilité. Les larmes de ce visage sont un rappel du scandale du mal ; elles sont déjà celles de Pierre la nuit de la passion quand il s’est su aimé par le Christ au-delà de son propre péché. Elles sont devenues celles du Christ lui-même, « présentant sa prière avec grand cri et dans les larmes… »

Oui, le visage meurtri et défait d’un enfant abusé parle à notre cœur : « veux-tu guérir ? veux-tu me guérir ? veux-tu ne pas m’oublier ? »

Les chemins de l’évangile sont devant nous, et nous les prendrons en nous mettant réellement et durablement dans une humble tenue de service, pour mieux prendre soin les uns des autres. Je le crois et je l’espère.

+ Benoît RIVIERE